Ce que celui-ci y avait a penser «en plus» dans l’affaire Alexia Daval

Ce que celui-ci y avait a penser «en plus» dans l’affaire Alexia Daval

Il va i?tre temps qu’on en finisse avec les «accidents» et les «drames passionnels» pour rappeler des faits bruts: un homme a tue sa propre femme. Et ca arrive encore la totalite des trois semaines en France.

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Le traitement du meurtre d’Alexia Daval une telle semaine a ete votre cas d’ecole ou, Afin de etre plus precise, un vautrage complet.

Je ne cause aucune la defense que l’accuse et ses avocats ont choisie. Qu’ils utilisent n’importe quel argument, c’est bien leur droit. L’accuse va bien tenter pour minimiser une responsabilite –comme il le fait depuis le debut. Il se presentera sous les traits d’une veritable victime, votre homme soumis a des maltraitances psychologiques. Soit.

«Par accident», mais sans des guillemets

Neanmoins, les journalistes ont quelques devoirs, dont le premier: Notre vigilance. Ces trois derniers mois, on a vu des articles qui reprenaient sans le debut de l’ombre d’un conditionnel la version du mari: immonde avait attaque la jeune copine pendant le jogging. Une version etayee par zero preuve et pour cause: elle est fournie via le presume meurtrier pour s’innocenter.

Eh non, en fera, il l’attendait dans le salon.

On pourrait penser qu’apres s’etre laisses balader quelque peu trop sans probli?me avec le presume meurtrier, des medias allaient prendre ses nouvelles declarations avec des pincettes. Eh bien pas vraiment.

Sur nombre de blogs d’infos mardi soir, on retrouvait J’ai declaration de l’avocat d’apres laquelle Jonathann Daval aurait tue le epouse «par accident», mais sans les guillemets. Pourtant, l’emploi des guillemets est essentiel pour mentionner que votre paraissent des propos rapportes non verifies avec lesquels on maintient une distance. Les guillemets, c’est la base. Meme l’AFP, qui possi?de edicte une charte Afin de bien traiter des feminicides, a commis cette erreur. A une decharge, l’agence s’en reste aussitot excusee et a corrige ses titres.

En zappant dans plusieurs chaines de television, j’ai surpris defiler tous les pieges habituels de cette categorie d’affaires: «drame», «drame passionnel», «amour». On ne devoile gui?re «drame», on ne evoque jamais «passionnel» ou «fou d’amour».

Est-ce ideologique? Non. Entre «un drame familial s’est noue dans l’Aube» et «Dans l’Aube, un mari a egorge le epouse», la deuxieme formulation n’est gui?re moins neutre. Au contraire, elle devoile nos choses telles qu’elles sont, sans le filtre des formules convenues. Attenuer Notre violence de ces meurtres en evoquant un «drame» ou une «dispute qui a mal tourne», c’est deja denaturer les faits.

Il existe des outils a la disposition des journalistes pour eviter quelques erreurs courantes, ceux faits par le collectif Prenons Notre une ou la ti?che de deconstruction de Sophie Gourion. Le souci, c’est que Afin de nos se servir de, il va falloir deja avoir conscience une nature de l’information qu’on va traiter.

Englues dans la psychologie de comptoir

Et i  priori, a TF1 et a France 2 jeudi soir, votre n’etait jamais l’eventualite. J’ai regarde 2 fois ces 20h. Deux fois, parce que J’me disais que votre n’etait nullement possible qu’aucun des deux n’ait a un moment evoque nos autres victimes d’homicide conjugal. J’avais vraiment du louper votre passage.

Sur France 2: reportage a partir des aveux de Jonathann Daval, puis duplex depuis Besancon avec votre journaliste qui redit la aussi chose. «Un homme a bout, 1 petit homme devaste». Deuxieme reportage sur les points qui ont fera basculer l’enquete. Retour plateau avec votre journaliste justice qui nous parle mensonge et dissimulation. Conclusion d’Anne-Sophie Lapix: «Voila ce qu’on pouvait dire dans Jonathann Daval». Mais non! On pouvait dire tellement environ trucs!

Sur TF1: reportage i  propos des aveux, puis duplex devant la gendarmerie de Besancon, retour plateau, lancement d’un portrait de Jonathann Daval dans lequel on te prend Afin de argent comptant nos propos de l’accuse sur la personnalite «ecrasante» d’Alexia Daval. Fin.

Ces aveux font l’ouverture des deux plus gros journaux televises du pays et gui?re un ne lance un reportage i  propos des feminicides. Pas un ne prononce aussi le mot. Pourtant, c’etait l’occasion Afin de informer, pour sensibiliser a ce sujet. A l’espace, on reste reste englue dans la psychologie de comptoir i  propos de l’accuse. J’adore la psychologie de comptoir, mais je n’ai pas besoin d’en voir en journaux, je fais ca tres bien au cafe avec mes amis.

C’est meme pire que ca: et cela interesse, ce n’est nullement qu’un homme ait tue sa compagne, c’est qu’il ait menti. Alors reddit joingy que je m’attendais a votre qu’on cite au moins certains noms des autres femmes tuees recemment avec leurs conjoints, L’expert justice de France 2 a bel et bien evoque deux autres affaires: Veronique Courjault (mere infanticide) et Patrick Henry (enlevement et meurtre d’un enfant). Le point commun avec Jonathann Daval? Ils avaient aussi menti.

Alexia Daval fut tuee avec le conjoint en octobre 2017. Exactement comme Celine, Catherine, Marielle, Corinne, Yamina, Marine-Sophie, Emmanuelle. Mais au sein des redactions de France 2 et TF1, personne n’a pense a Realiser le parallele.

Vous allez me penser: «Mais c’est parce que une telle histoire est hors norme». Mes remarques psychologisantes sur Jonathann ne disent gui?re autre chose que «il est exceptionnel». Comme si une telle affaire est exceptionnelle. Un mari a tue une cherie: ce n’est pas extraordinaire et ca merite plus que des «experts» qui dissertent comme s’ils etaient l’agent Ford dans Mindhunter.

Alexia Daval, une victime parmi chacune des autres

En quoi l’affaire Daval est-elle plus extraordinaire que celle de Jennifer, 31 ans, mere de deux enfants et portee disparue en Corse en fevrier soir, dont on a retrouve la peau au fond d’un ravin au bout de deux mois de recherche, avant de decouvrir que c’etait Loic, 31 ans, le ancien compagnon, qui l’avait etranglee et avait deplace le cadavre? Ou celle de Bernard, 70 ans, qui a etouffe le epouse Jacqueline, 69 annees, avant d’enterrer son corps dans leur jardin et de signaler sa disparition en insistant beaucoup dans le fait qu’elle etait depressive. C’etait le mois soir. Un homme qui tue sa compagne –ou son ex-compagne– et qui ment, votre n’est pas un scoop.

Je sais que c’est la piste une joggeuse en debut d’enquete additionnee au cote «feuilletonnant» de l’affaire Daval qui possi?de entraine un traitement sous l’angle du pur fait differents. Neanmoins, le role des journalistes, c’est aussi de remettre en perspective les faits. Or la mise en perspective ici, c’est de dire qu’il s’agit d’un homicide conjugal, et plus exactement d’un feminicide. C’est bouger du cas particulier pour, au minimum, rappeler le nombre de victimes par an. Il y a une responsabilite a insister concernant le fait que ca arrive moins rarement qu’on ne le pense, que ca touche tous les ages et l’integralite des milieux sociaux.

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